déroulez le panorama
▲
clic
Merci à GR
pour la mise en place du panoramique
musique 1 <
clic
Si vous le souhaitez,
la Valse de Sébastopol, qui n'a pas été composée dans les années 1855,
peut vous accompagner, musique ci-dessus
ou son
et image sur ce lien :
(► ce lien semble
difficile à rejoindre avec certains navigateurs, juin 2020)
http://moskva.fm/music/георг-отс/севастопольский-вальс
Une mauvaise lecture des caractères cyrilliques peut survenir avec une erreur de code 404. Faites un clic droit sur le lien, puis Recherche Google pour... Le lien est le premier de la liste. Possible seulement avec Mozilla Firefox...Avec le navigateur Edge, clic droit et recherche avec Bing. Avec Chrome, mettez tout le lien en surbrillance en le sélectionnant, puis clic droit et accéder à...
Et vous pouvez ici découvrir en
musique et en trois minutes le tableau.
Il déroule tout seul
ses115 m de
longueur...
▼C'est une version
MP4, (720p, 1280x760), de taille importante...
***************
Samedi
10
février 1855 : les Russes rasent la tour Malakoff...
|
↑
↑ clic
↑ ↑
Malakoff est présent, ses pierres sont là, au Vieux-Pont d'Espalion
J'y suis, j'y
reste…
Et oui ! Tout le monde connaît
l'expression, mais saviez-vous qu'elle fut prononcée à Sébastopol ? Le
général
Mac Mahon la prononce lors de la prise de la tour Malakoff. C'est
généralement
ce qui est écrit, même si le général, qui sera Président plus tard,
avoue ne pas l'avoir aussi
exactement
formulée. Horace Vernet, dans un tableau de composition, montre Mac
Mahon et le salut de l'officier anglais près du drapeau français planté
sur les
hauteurs de Malakoff après la victoire. C'est là que Mac Mahon aurait
répondu à sa demande de quitter des lieux dangereux par cette phrase
devenue aussi connue que la tour...
Malakoff ! 8 septembre 1855
Un paradoxe : Malakoff est connu, un peu,
et la guerre de Crimée oubliée, beaucoup...
Pourquoi donc, en Aveyron, et donc bien loin
de la Turquie et de la mer Noire et longtemps après une guerre oubliée,
plus d'un siècle
et demi,
continue-t-on d'évoquer Malakoff ? Evidemment, sur la Route du Fer, à
mi-chemin
entre les mines du causse et les forges de Decazeville, notre Malakoff
aveyronnais
renvoie au pont, le pont, celui qu'il
ne fallait pas détruire, et non à la
guerre de Crimée, une guerre lointaine, oubliée peut-être à la suite du
conflit
suivant, celui de 1870, plus local et national… Pour mieux comprendre
la
persistance de
Malakoff dans nos mémoires locales, nous allons donc faire un saut en
1854. Et
à cette époque, l'importance de ce conflit était réelle. Tout était en
place pour en faire une guerre connue : les journaux, le
télégraphe, les liaisons maritimes, la photographie de guerre, la
médecine de guerre, et bien évidemmment les politiques des Etats,
impliqués comme la France, mais aussi les jeunes Etats-Unis d'Amérique.
En savoir (un peu) plus sur la guerre de Crimée
▲ Turquie, Angleterre, France...
(et
les piémontais ??)
▼ Et pour
bien comprendre la situation, voici une carte (extraits). Son auteur,
Thomas Packer, anglais, la publie en 1855. Elle offre l'intérêt d'une
vue panoramique sur Sébastopol et ses proches environs. En l'observant
dans ses détails, cliquez dessus, vous comprendrez
l'importance du fort Malakoff, au centre de notre composition. Arriver
à s'en rendre maître donne la clé d'entrée sur la ville. L'auteur a
tenu à indiquer, face aux russes, les positions anglaises, françaises
et turques. Les piémontais n'apparaissent pas...
Sébastopol
occupe depuis toujours
une position stratégique et il est donc normal de voir dans l'histoire
des
conflits d'occupation du site. La guerre de 1854 n'est pas la première.
C'est donc une raison plus que
suffisante pour
avoir entendu parler du lieu. Une seconde raison tient à la situation
politique
intérieure. La France de 1854 est celle de Napoléon III, arrivé depuis
peu,
après un coup d'état, faut-il le rappeler. Sa légitimité pourrait être
plus
affirmée si une guerre victorieuse s'annonçait. Ce sera le cas avec la
Crimée. Pour
la première fois depuis bien longtemps, des siècles,
anglais et
français vont
se battre ensemble contre l'ennemi russe. Les turcs seront aussi
membres de la
coalition, à l'origine du conflit d'ailleurs. Peu importe les raisons
du conflit. Faire parler la poudre
sera
l'essentiel ! Des piémontais seront également impliqués.
Journal de l'Aveyron
La
guerre de Crimée qui oppose
donc des grandes puissances sera aussi la première qui verra des journalistes de guerre sur le terrain.
Et, beaucoup mieux pour les journaux, les photographes seront du
voyage. La
Crimée marque ainsi les débuts de cette activité dont on peut souligner
l'importance : nouveauté bien sûr, le modernisme fait recette ; et à
côté de
l'activité "marchande" l'importance politique est bien réelle : faire
connaître par des clichés choisis les moments les plus significatifs
des
batailles ne peut que rassembler un pays autour de son empereur. C'est
ainsi
qu'on se laissera parfois à "corriger" un négatif par une inscription
de gloire : Vive l'Empereur
sur les ruines de Malakoff…Observez bien cette photographie de Méhedin
à Malakoff, l'ajout est perceptible. Le photographe anglais Fenton,
présent avec son aide, immortalisé sur le chariot laboratoire a lui
aussi un peu dramatisé la vérité. Une vallée, théâtre de combats, fait
l'objet d'un cliché, puis d'un autre avec une multitude de boulets...Ne
cherchez pas au passage les soldats : ils sont très peu présents sur
les clichés car interdits d'image par la longueur des temps de pose.
Par
contre vous allez découvrir zouaves et autres combattants sur les
gravures.
Si
la publication des
clichés est rarissime et pas encore une habitude dans la presse, faute
de moyens
techniques, les dessins faits sur place, ou inspirés par des
photographies
seront eux très nombreux. L'Illustration du 22 septembre 1855 est
presque entièrement consacrée, texte et dessins, à la victoire annoncée
de Malakoff. Nombreux sont les tableaux prenant pour sujet
la
prise de Sébastopol. Parmi eux, celui de Roubaud, peintre né en 1856 :
son
Panorama de
La guerre de Crimée sera une guerre très cruelle : 120 000 victimes pour les assaillants, dont 90 000 français. Les pertes anglaises sont très sensiblement plus faibles, 20 000 morts. Les russes vont perdre 150 000 soldats, 220 000 pour une autre source qui indique 300 000 victimes pour les alliés, dont 170 000 turcs. Connaît-on exactement la vérité ? Orlando Figes évoque dans un ouvrage récent le chiffre de 800 000 victimes, alors que Marc Fontaine, dans une thèse soutenue en 2006 précise 309 268 soldats engagés, et 94 500 victimes... Tous ne seront pas vaincus par les boulets, le typhus et le choléra seront en fait les ennemis les plus implacables, auteurs de près des 3/4 des victimes…D'octobre 1853 à janvier 1856 la guerre de Crimée, avec des hivers meurtriers, sera donc essentiellement centrée sur Sébastopol. Mais d'autres batailles de cette guerre sont bien connues, le zouave et le pont parisien peuvent en témoigner ! Vous avez-dit Alma ?
Si
la guerre de Crimée est à peu près totalement oubliée et méconnue,
c'est bien à l'Empereur que nous le devons, malgré lui évidemment !
Arrivé avec un coup d'état, le neveu du grand Napoléon, et fils de
Louis, qu'Elie Decazes accompagna en Hollande, quitte la France après
la
défaite de
1870. Et le rétablissement de la République aura pour corollaire de
gommer le régime précédent. Ne plus parler de cet empereur ou diminuer
le souvenir de faits pourtant glorieux comme la bataille de
Crimée, qui
fut gagnée, sera presque un exercice politique obligatoire pour
la fin
du siècle. On ne parlera plus donc de cet Orient. En 1897, le
conseiller général Jaudon, à l'occasion de la pose de la plaque du pont
de l'Ady, évoquée un peu plus loin, était exactement dans cette
position négationiste en se
félicitant que le viaduc ne porterait
plus le souvenir d'une guerre qui fut une lamentable faute d'un
régime qui semblait les accumuler avec plaisir... La fin de
l'Empire avec la guerre perdue de 1870, et dont l'enjeu était local,
aura également un effet sur l'oubli de la Crimée en remplaçant
rapidement dans l'histoire une guerre par une autre dont on attendra la
revanche, à construire.
Mais
si l'oubli voulu de la Crimée est donc bien réel, celui de Malakoff
n'aura pas été aussi réussi !
, qui
n'était qu'un mamelon hérissé de pièces de canon...
aquarelle de
l'inconnu**de Malakoff. La tour
après la bataille...Un dessin très simple et dépouillé,
le calme après l'assaut, tout a l'air bien rangé...
** voir ci-dessous
En savoir plus sur Malakoff
Malakoff ? Pourquoi donc est-ce si connu ?
Prendre Sébastopol était un objectif militaire. Sébastopol est essentiellement un port, c'est-à-dire à peu près au niveau de la mer…Tout autour des collines s'élèvent à une centaine de mètres d'altitude.
" En 1851 le nom apparaît pour la première fois sur un plan. Les archives d'état de la marine russe nous apprennent que ce fut le nom du capitaine Mikhail Mikhailovich Malakhov. En 1827 il arrive de Kherson comme commandant de compagnie. Il habite près de la colline et acquiert rapidement une réputation d'honnêteté et de justice. Sa maison est ouverte aux pauvres. Le lieu devient ainsi bientôt la colline Malakhov. Deux fils du capitaine, Athanasius et Ilia participeront aux combats." (http://www.restcrimea.com/en/article/memorialnij-kompleks-malahov-kurgan/-
Le texte est traduit automatiquement du russe, au risque de quelques approximations).
Les habitants de
Sébastopol allaient donc voir Monsieur Malakhov, un juge de paix
officieux mais efficace, près de la
colline. Puis ils allèrent tout naturellement à Malakhov, voir le juge,
en inversant les termes !
Le
mot Malakoff renvoie donc non pas à un épisode guerrier, postérieur,
mais au patronyme de celui qui fut apprécié de la population locale, en
reconnaissance de son activité locale de "juge de paix", rendue dans sa
maison de la colline. Le sujet est donc totalement étranger au conflit
de 1855.
La
colline Malakhov est aussi très naturellement une position
stratégique,
dominant Sébastopol. Occuper Malakhov c'est défendre ou occuper
Sébastopol. Un
bastion est construit par les russes. Il permet la défense de la ville
au nord de cette colline
et l'observation au sud des troupes
anglaises et françaises. Ce bastion est donc la tour Malakoff. Mais à
part les soldats, personne n'a vu la tour dans son état d'origine. Si
elle
permettait
en effet aux russes d'observer les lieux, les canonniers anglais,
français et
turcs en
avaient évidemment fait un point de mire idéal. Les russes vont la
fortifier en
démolissant les parties hautes et en enterrant les parties basses pour
les
protéger des boulets.
Avec nos remerciements à Christel Poirrier pour autoriser notre
reprise depuis
la très belle
page de René Delmas sur le site moissey.com, consacrée
très
belles aquarelles d'un peintre et soldat inconnu...à découvrir
Le
5 octobre 1854, sur le mont, le vice-amiral VA Kornilov est
mortellement
blessé. Sur ordre de l'empereur russe le bastion prend alors son nom.
Mais le nom de Malakoff restera pour les habitants de Sébastopol
attaché à la montagne.
Plusieurs assauts seront conduits pour s'emparer du fort, où des dizaines de canons s'activent. Le 24 août 1855 un bombardement très intense, de jour et de nuit, est mené par les assaillants. Le 27 août les français se lancent à l'assaut du mont. Le 8 septembre le drapeau français flotte sur Malakhov…Un zouave passe à la postérité !
La
prise du mont et de Malakhov donne ainsi la clé d'entrée sur
Sébastopol. De
Malakhov, à une centaine de mètres d'altitude,
on domine la ville, son port, et le bombardement devient alors précis
et très
meurtrier. Les
russes se retirent. La bataille de Sébastopol est gagnée. La fin de la
guerre
de Crimée s'annonce, dans quelques mois. Napoléon III s'est affirmé
comme chef
guerrier sur la scène européenne. Le congrès de Paris mettra un terme
final au
conflit. Le général Pélissier devient maréchal et duc de Malakoff. Un
pont
celui de l'Alma conserve le souvenir d'une bataille, une commune,
Malakoff, en
région parisienne, celui du mont. et un autre général, Mac Mahon
devient le héros de Vernet .
En Aveyron, il y a donc un Malakoff. Pourquoi ?
Les habitants de la vallée de l'Ady et de Rodez voyaient s'élever en 1855 les tours du pont de François Cabrol. La voie minière d'une vingtaine de kilomètres allait bientôt relier les sites miniers du causse, en fait et très précisément la gare minière de Marcillac, et les forges de Decazeville, mettant fin aux convois de chariots et à leurs dégradations de chemins très souvent critiquées. On venait de détruire en Crimée d'autres tours, tous les journaux le répètent. Alors, presque naturellement, la pression médiatique de la guerre de Crimée va convertir le viaduc de l'Ady en pont Malakoff. Le lieu prend même le nom de Malakoff, six personnes habitent à Malakoff en 1868...La suite de l'histoire, celle du pont, est connue…
► En savoir plus ? On pourra par exemple lire le travail de Chenu : Rapport au Conseil de santé des armées sur les résultats du service médico-chirurgical aux ambulances de Crimée et aux hôpitaux militaires français en Turquie, pendant la campagne d'Orient en 1854-1855-1856. Publié en 1865 on peut y découvrir, jour après jour, le déroulement des hostilités. De nombreuses statistiques sont présentes, ainsi que l'état nominatif des blessés, nom, date et lieu de naissance, type de blessure....Les aveyronnais, à retrouver, ont aussi payé leur tribut !
Nous avons relevé la liste suivante, en ne donnant ici que les noms et origines des blessés aveyronnais, au nombre de 89. Un de vos ancêtres est peut-être présent ?
Albenque Galgan__/__Albinet Quins__/__Albouy Flavin__/__Albouy Camboulazet__/__Aldebert Saint-Georges__/__Aldemar Flavin__/__Aldias Compeyre__/__Arnal Millau__/__Ayral Saint-Chély__/__Bernou Saint-Laurent-d'Olt__/__Bessière Pont-de-Culhors__/__Bibal Rignac__/__Bladou Monsalès__/__Blasi Labastide-Lévêque__/__Bouat Saint-Jean de Bruel__/__Bouscary Saint-Geniez__/__Bousquet Cassagnes__/__Calmettes Tauriac__/__Cambon Antigues__/__Carratier Cransac__/__Carrier Rodez__/__Carrières Montbazens__/__Cassannas Saint-Jean de Bruel__/__Cavalié Senergues__/__Charrié Saint-Geniez__/__Codomier Sainte-Radegonde__/__Combaran Aurelle__/__Combes Esplas__/__Cousi Malleville__/__Crestes Cassagnes-Comtaux__/__Crouzet Saint-Laurent-d'Olt__/__Crozes Tauriac__/__Dalmon Saint-Parthem__/__Darde Millau__/__Debar Rieupeyroux__/__Delon Millau__/__Deltour Saint-Laurent-d'Olt__/__Espinasse Colombiès__/__Falière La Salvetat__/__Ferrieu Salars__/__Ferrieu Flavin__/__Fiches Durenque__/__Filhol Labastide-Lévêque__/__Fontanié Saint-Geniez__/__Fourcand Saint-Affrique__/__Gabric Auzits__/__Gasc Versols__/__Gavalda Prades__/__Grousset Saint-Jean de Bruel__/__Gui Sauvenza__/__Heples Truel__/__Hilaire Hygen Millau__/__Izard Marzials__/__Lacan Gabriac__/__Lagarrigue Bournazel__/__Laporte Millau__/__Laportre Sainte-Geneviève__/__Laserre Gabriac__/__Laurens Coubizon__/__Marcorelles Saint-Jean de Bruel__/__Marty Bournazel__/__Maury Villevayre__/__Mazars Saint-André__/__Menel Muret__/__Miquel Rieupeyroux__/__Miquel Condom__/__Molenat Saint-Santin__/__Molinier Pomayrols__/__Molinier Saint-Sauveur__/__Mouls Vabres__/__Mouly Villeneuve__/__Muratet Sauveterre__/__Olivier Toulonjac__/__Pique Millau__/__Reynes Saint-Affrique__/__Rivière Saint-Remy__/__Roux Millau__/__Salgues Salars__/__Salvagnac Auriac__/__Selves Sauveterre__/__Serieys Foissac__/__Syrmen Anglars__/__Tarayre Bozouls__/__Tastayre Salvagnac-Cajarc__/__Teron Aubignac__/__Verdier Livinhac-le-Haut__/__Verdier Saint-Jean de Bruel__/__Vialettes Sahagnac__/__Vidal Peyreleau
Cette liste n'est
sans doute pas exhaustive. Elle ne donne pas non plus les noms des
victimes.
Orthographe d'origine respectée.
Des blessés de guerre de Crimée ont
été ensuite embauchés par la compagnie de Decazeville qui leur fit
un accueil remarqué, comme l'indique cet extrait du Journal des débats. On peut alors
se demander légitimement : le nom Malakoff
de l'ouvrage de l'Ady n'aurait-il pas été donné ou suggéré par
l'ancien capitaine d'artillerie Cabrol en hommage à ces soldats de
Crimée ?
Peut-être faut-il ici évoquer la pose de la plaque sur le pont en 1897 ? L'initiative d'Elie Cabrol (voir texte parchemin sur le site) a donné lieu à un banquet. Et M. Jaudon, conseiller général, va souligner dans son discours que la cérémonie de ce matin emprunte aux circonstances actuelles une autre signification. Elle coïncide avec un événement mémorable dont elle sera dans nos vallées comme le mémorial. Elle efface d'un monument un nom qui, s'il fut celui d'un de nos plus glorieux faits d'armes, fut aussi celui d'une des lamentables fautes d'un régime qui semblait les accumuler à plaisir ; elle lui rend le véritable nom qui lui appartient, celui de son auteur, d'une (de) nos illustrations Aveyronnaises. Le pont Malakoff s'appellera désormais le pont François Cabrol…C'est la fête de l'industrie Aveyronnaise et du patriotisme Rouergat…
En savoir (beaucoup) plus ?
Malet Isaac, vous connaissez ?
Edition
1935
Amusant d'aller y chercher la guerre
de Crimée ! Une indication très rapide est donnée sur cette guerre
d'Orient, mais pas un mot sur Malakoff, et en lecture les auteurs
proposent
aux futurs maîtres une lettre, très critique pour ne pas dire plus sur
la hiérarchie
militaire en mission : ...ces soldats ont montré ...qu'il y avait
plus d'intelligence de la guerre au bout de leurs baïonnettes qu'il
n'en restait au fond du fourreau de l'épée de tous leurs généraux...(p434)
De
très nombreuses sources sont disponibles. La guerre de Crimée, la
première,
celle de 1854, la prise de Sébastopol, la bataille de Malakoff sont des
sujets
de recherche possibles. Parmi nos sources figurent les serveurs de
Gallica,
Europeana,
Google Books,archive.org*, Congress library, Imperial War Museum...
*Sur ce dernier site, le livre d'un journaliste et écrivain anglais, Pictorial History of the Russian war (George Dodd, W.& R. Chambers, 1856), numérisé dans ses couleurs d'origine est une véritable somme : cartes, croquis, dessins, tables diverses…On lira avec profit le chapitre XI, p. 393 à 432, consacré au siège de Sébastopol et à la prise du mont Malakoff. Plusieurs illustrations, cartes et dessins sont présents.
Une autre ressource, de nature très différente, peut aider à mieux comprendre Malakoff :
http://coucou-cestmoi.over-blog.com/article-ces-terribles-photos-40156366.html
Malakoff gourmand, en Aveyron ?
Sur la Route du Fer,
un passage à Bonneval* s'impose. Vous avez pu sur ce site faire une
visite à Bonnecombe. Les moines du lieu avaient un lien, même un peu
lointain, avec notre sujet. L'écho est ici.
Et pour refermer cette
évocation de la guerre de Crimée, un retour dans un véritable havre de
paix ne sera pas sans intérêt. La découverte de l'abbaye peut se faire
suivant votre humeur, très facilement au bout d'une route menant à ce
bout de monde. On peut également découvrir Bonneval par une promenade
beaucoup plus pentue de l'autre côté de la vallée. L'importance de
l'abbaye apparait, la vue est magnifique mais se mérite !
Le lieu est surprenant, une vallée très à l'écart des circulations abrite une abbaye, celle des moniales de Bonneval. Mais cette solitude est évidemment en rapport avec la règle... C'est la déclinaison féminine de l'abbaye de Bonnecombe. Et dans ce bel écrin, on peut rencontrer Malakoff. Plus exactement, le Malakoff de Monsieur Pupier.
Pupier ? Oui, le monsieur du chocolat qui décida un jour d'immortaliser la guerre de Crimée par une friandise chocolatée, que les moniales de Bonneval réussissent à merveille...
A
savourer sans modération ou presque, comme ces images de Bonneval.
Bonne visite
|
||
Tartiner chaque tranche de pain soigneusement en faisant un dôme de 3 cm de haut.
Chauffer la friteuse à 180° et y mettre les Malakoffs côté fromage, puis les retourner.
Bien égoutter sur du papier
ménage et servir chaud avec un petit blanc sec de La Côte. "
Il reste au terme de cette évocation de la Crimée une question : qui donc a fait le premier un parallèle entre elle et les travaux de construction par Scudier des maçonneries de l'Ady ? Quel est ce Monsieur, ou Dame qui va faire le premier le rapprochement ? On détruit une tour loin d'ici, et on construit d'autres tours dans la vallée... Elle, il, restera parfaitement inconnu(e), mais selon nous, ces gravures de presse ont bien pu être un élément essentiel...
clic
Bibliographie partielle
Les
sept premières références nous ont été proposées par Sima Godfrey,
universitaire canadienne à Vancouver que nous remercions. S. Godfrey
travaille sur la représentation de la guerre de Crimée dans la
mémoire collective de la France, ou plutôt comme elle nous le précise,
son absence...Certaines
ressources sont accessibles en bibliothèque numérique.
Chantaume, Expédition de
Crimée, Lettres d'un zouave, F. Didot, Paris, 1856 (Gallica)
Pictorial History of the Russian war , George Dodd, W.& R. Chambers, 1856 (archive.org)
Internet
De nombreux sites, institutionnels ou non peuvent apporter des éclairages sur tel ou tel aspect de la guerre de Crimée, français bien sûr, mais aussi en langue anglaise. Il en est d'autres que nous avons consultés en langue russe. Il faut faire alors un effort de transcription de caractères très étrangers à notre culture latine...
des cartes postales
Elles sont très nombreuses ! Et pour la plupart sans un souci très respectueux de la vérité...
▲ pour les enfants, une
vérité très adoucie...
et même un jeu (Gallica)
▼
clic ↑
diplôme Crimée, doc e.w., DR, inf JR
Des médailles "civiles" vont faire la joie des patriotes de 1855. En voilà deux qui soulignent la prise de Malakoff. Si comme le graveur nous le dit, Sébastopol succombe, l'orthographe est bien approximative pour ces deux exemples de médaille frappées peut-être un peu rapidement...
"Qui
se souvient aujourd'hui d’Alexandre
Baudot, un enfant de la vallée du Serein considéré par toute une
génération
comme un héros, voire un symbole du patriotisme et de la gloire
militaire de la
France ? Ses funérailles, le 28 mars 1911, sont un événement parisien
que
préside Paul Déroulède, le poète du nationalisme et de la revanche
contre
l'Allemagne.
Dans
son discours, Déroulède
n'a garde d'oublier les origines du défunt, sa naissance en 1833 au
Pré-du-Bois, commune de Ligny le Châtel. Très tôt, comme tous les fils
de
pauvres, le voici valet de ferme à Vergigny ou il reste quinze ans.
Seul le
service militaire l'arrache aux pays d'Yonne. Incorporé dans le premier
régiment de Zouaves, il embarque immédiatement pour la Crimée.
Déjà
l'Europe centrale
apparait comme un champ clos où s'affrontent les impérialismes
occidentaux.
Afin de contrer les entreprises de la Russie sur l'Empire ottoman,
Anglais et
Français s'associent pour assiéger la Crimée, province russe.
A
partir d'avril 1854 et
pendant près de deux ans, à plus de trois mille kilomètres de leurs
bases, les
troupes françaises vont mener des opérations difficiles. Malgré la
destruction
du port stratégique d'Odessa, les Russes tiennent bon. Face au port et
à la
ville de Sébastopol, les alliés s'enlisent, en proie aux épidémies et
aux
rigueurs du climat. Les Français ont déjà perdu neuf cent cinquante
hommes. lI
faut en finir.
Début
septembre 1855, le général
Mac-Mahon décide de s'emparer par surprise du fort de Malakoff,
position
avancée dans la défense de Sébastopol. Le 7, Baudot, en sa qualité de
clairon,
est de garde à l'état-major. ll remarque les officiers qui tiennent de
mystérieux conciliabules par petits groupes et ne tarde pas à
surprendre une
remarque du capitaine Février, le chef de sa propre compagnie qui
déclare : «
Nous sommes une colonne d'assaut. Nous prendrons Malakoff. » Revenu
parmi les
siens, le clairon fait part de la nouvelle ; fébrilité et sentiments
mêlés dès
lors agitent les soldats à qui l'on a distribué double ration de vin et
d'eau-de-vie, et même un cigare... Certains confient à leurs camarades
d'ultimes recommandations pour leur famille qu'ils craignent de ne pas
revoir,
d'autres s'abandonnent à des fanfaronnades. Le lendemain 8, en fin de
matinée,
les Zouaves se dissimulent dans des tranchées d'où ils doivent, à midi
précis,
jaillir et bondir en trois colonnes à l'assaut du fort. Quelques
minutes avant
l'heure convenue, Baudot monte sur la tranchée et sonne le «
garde-à-vous ».
C’est
le signal de la ruée.
Mais les Russes, retranchés dans des bastions. tirent sur les
assaillants à
bout portant. Rien n'arrête les diables rouges, et le sol est jonché de
morts.
Quatre clairons dont Baudot se relaient pour sonner inlassablement la
charge.
Mais bientôt, il n'y a plus qu'un clairon sur la crête du parapet à
demi
démantelé. les trois autres sont tombés autour de lui. Blessé à la joue
droite
par un coup de lance et à la main par un éclat de balle, Baudot
continue sa
sonnerie alerte : « Y a d'la goutte à boire là-haut, y a d'la goutte à
boire. »
Vers 16 heures. il s'aperçoit que la plupart des officiers de planton
autour du
général sont tués ou blessés. Comprenant que la situation est critique.
il
sonne immédiatement le rassemblement. Mac-Mahon le remercie d'un
regard. Et les
compagnies de réserve accourent. Vers 18 heures, les Français sont
maîtres de
la situation au prix de lourdes pertes. Le lendemain matin, les Russes
capitulent. La renommée de Baudot participe à l'exaltation générale.
Dans un
tableau militaire destiné à immortaliser la prise de Malakoff, le
peintre Yvon
fait figurer en bonne place le valeureux clairon.
Présentée
au Salon de 1857, la
toile connait un immense succès, au point de reparaitre à l'Exposition
universelle de 1867. En 1898, l'instrument de musique. cabossé et
criblé de
balles. est exposé à son tour au musée de l'Armée aux côtés de l'épée
avec
laquelle Mac-Mahon, donnant l'assaut, indiquait la route à prendre.
Baudot
quant a lui a continué sa carrière militaire ; il compte vingt-quatre
campagnes
lorsqu'il se retire à Soissons après avoir été blessé dans Metz en 1870
lors de
la déroute devant les Prussiens. Mais son geste reste présent dans la
mémoire
collective comme un souvenir de courage et de victoire. Lorsqu'il
publie son
poème Le Clairon dans ses Chants du soldat en 1875, Déroulède pense à
lui. Ses
funérailles interviennent à un moment de tension entre la France et
l'Allemagne
à propos du Maroc et de nos possessions coloniales. On sent venir la
guerre.
A
la Chambre, les députés
décident d'instituer une médaille du combattant de 1870. Cette
initiative fait
débat : les vaincus de Sedan ont-ils réussi à sauver l'honneur du pays
?
Baudot, en revanche, l'humble et glorieux clairon dont le geste
symbolise un
succès rallie tous les suffrages. La discussion peut paraitre
aujourd'hui bien
lointaine, mais l'héroïsme du gars de Vergigny n'en reste pas moins
méritoire.