Cette
carte nous a particulièrement intéressé. Carte servant à la
communication d'entreprise ? A usage personnel de la direction ? A
droite, l'image d'origine,
en tons sépia, et à gauche nous l'avons colorisée avec l'intervention
d'une
Intelligence Artificielle, celle de Berkeley, voir sur notre site la
page couleurs, ici. La carte n'est pas
identifiable, au vu du paysage ou des constructions présentes, assez
banales... Alors nous avons cherché ! Le chauffeur ne peut pas nous
répondre, et la personne qui pose est bien muette, ingénieur
d'une compagnie, directeur, administrateur, le constructeur de
l'installation ? Tout cela est plausible... Mais une
indication précieuse figure, l'immatriculation de l'automobile, 385 O3.
Quelques
recherches plus tard, Jean-Emmanuel Chevry et Jean-François Zuraw, de
l'association Francoplaque
nous préciseront que l'arrondissement concerné est Nancy :
"le
numéro 385-O3 a été attribué le 05/07/1917 dans le département de
Meurthe-et-Moselle".
Et Julie Denand, aux Archives
départementales de Meurthe-et-Moselle communiquera le
détail de cette immatriculation, dénichée dans le registre 2 S 455,
registre qui concerne la période du 18 avril 1917 au 26 mai 1921.
Le
véhicule, immatriculé donc le 5 juillet 1917 est propriété
des Salines
St-Nicolas, qui exploitent des mines de sel (Dombasle, Maxeville). Le
véhicule est un emblématique Ford T. Le document précise l'identité :
Marchéville Daguin et Cie. Cette entreprise possède effectivement des
salines en Lorraine. L'entreprise est toujours présente en 2020. Une
autre saline, près de Bayonne, est créée en 1896 par MM. Marchéville et
Daguin. Elle arrêtera ses activités en 1955. La carte pourrait donc à
priori être localisée vers Nancy ou Bayonne. La modestie de
l'établissement de Bayonne, invite à conclure pour Nancy.
Nous avons donc recherché dans nos archives le -beau- catalogue
Mourraille. Effectivement, dans la liste des installations aériennes
réalisées, suivant le procédé Pohlig, celui qui sera mis en place sur
le causse Comtal, figurent les soudières de
Varangéville, établissement propriété de Daguin. Notre
identification est donc terminée : la carte montre un chemin
de fer aérien actif dans une saline en Lorraine ; mais ce n'est
peut-être pas l'un des trois de Varangéville, leur modeste longueur,
64, 190 ou 260 m semble contredite par la vue de la carte...Mais le
certificat d'immatriculation est sans ambiguité, mentionnant bien les
salines de St-Nicolas comme domicile de la société.
Seule
demeure inconnue l'identité du
responsable à gauche, qui ne semble pas être Louis de Marchéville, nom
indiqué sur le certificat d'immatriculation, au vu d'une ressemblance
pas évidente avec une photo ancienne...
(http://saline-varan.blogspot.com/2010/01/mine-et-saline-de-varangeville.html).
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En
savoir plus ?
De
nombreuses sources permettent d'approfondir la connaissance de cette
technologie. Les publications (voir bibliographie) à la fin du 19 ème
siècle ne manquent pas de présenter cette nouveauté.
Parmi elles,
nous vous proposons le beau travail de
W.E.
HIPKINS, The Wire Rope and its applications, Taylor, Birmingham, 1896.
*(https://archive.org/details/wireropeanditsa00hipkgoog/mode/2up).
L'étude ne se contente pas de technique. Les illustrations sont très
soignées et nous avons retenu ici quelques unes de ces belles
aquarelles, mono câble ou bi-câble,
à savourer sans modération !
Vous êtes sur le causse !
*
Nota : l'édition en ligne de https://archive.org est en
couleurs...